Cahier de tendances
avril 2021
Le recyclage
Éric Robin évoque 3 projets basés sur le recyclage des déchets.
Bien plus qu’une tendance c’est une nouvelle façon d’aborder les matériaux.
« Le recyclage est une tendance très forte chez les jeunes générations de créateurs. Les 3 projets que j’ai sélectionné sont d’ailleurs des projets de fin d’étude qui sont devenus de vraies productions viables.
Les briques de Clarisse Merlet (FabBrick) sont réalisées avec des textiles.
Le verre marin de Lucile Viaud est réalisé avec des déchets marins (coquilles d’huîtres)
Le mobilier de Dick Vander Kooij est réalisé avec du plastique recyclé.
Prise de conscience
Cette génération a grandi avec les problématiques environnementales et souhaite que le design serve réellement une cause écolo. Par ailleurs c’est aussi la génération Instagram et ils savent mieux que personne mettre en scène leurs créations et participent activement à les rendre tendance.
Côté consos, je trouve qu’il y a aussi un momentum pour que ces matériaux soient appréciés. Avant, quand on était face à des matériaux recyclés, on avait un léger sentiment de dégout, du genre « c’est quoi ce truc, ça a été digéré ? ». Maintenant les mentalités ont changé, le recyclage commence à prendre ses lettres de noblesses grâce à des réalisations très intelligentes.
C’est simple, à partir du moment où il y a un déchet produit en grande quantité (verre brisé, marc de café, déchets verts, etc.), vous pouvez être sûr qu’un créateur est en train de se creuser la tête pour en faire quelque chose. Pour prendre l’exemple des briques textiles, l’idée vient du fait que chaque jour des tonnes de vêtements sont jetées à la poubelle !
De l’artisanat d’art ?
À travers ces 3 projets, on peut constater que le matériau recyclé est totalement assumé, il est même sublimé et devient un matériau noble !
En fait pour le moment ces créations relèvent plutôt de l’artisanat d’art. FabBrik et Kooij notamment, travaillent en fonction de leurs commandes, ils font un tri dans les matières pour créer les pièces qui correspondent à ce que le client souhaite. C’est du sur-mesure.
Alors que la production actuelle est ultra standardisée, utiliser de tels matériaux est le meilleur moyen d’obtenir des pièces uniques. On est face à des objets de galerie.
C’est peut être aussi le revers de la médaille, car ces créations restent assez chères. Mais bon, ce n’est pas un problème en soi, finalement ces oeuvres sont l’équivalent de la haute couture : on peut espérer que ces artistes influencent le reste de la production de matériaux, que tout cela soit intégré, voir copié et qu’à terme cela deviennent accessible et largement utilisé.
Et côté retail…
Plusieurs marques sont sur ce créneaux : Bolon, (revêtements de sol zéro déchets), Oberflex (panneaux en compression de végétaux), et bien d’autres.
Les industriels s’y mettent. Ils veulent des matériaux eco-repsonsables. Ce n’est plus un simple effet de mode.
Ce qui est compliqué dans le retail aujourd’hui, c’est justement de réussir à trouver des matériaux eco-responsables, beaux et accessibles.
À suivre !
Quelque part, recycler les déchets, ce n’est pas nouveau, la question s’était déjà posée avec la sciure de bois et ça a donné les panneaux d’aggloméré que l’on connait tous. Mais cela a toujours été perçu comme quelque chose de cheap, de fragile.
Aujourd’hui ce n’est plus le cas et j’ai l’impression, au regard du nombre de projets qui existent, que les choses vont dans le bon sens.
Vivement la suite ! »